Frank Siffert

Domaine de La Sauvageraie, Bonvillars (VD)


 « La diversification comme solution » 

Principes d’action

Pour Frank Siffert l’homme est allé bien trop loin dans la spécialisation, alors qu’historiquement il savait faire une multitude de choses. Ainsi tout ce qu’il fait il le fait du début à fin, de l’idée à la vente. Et c’est grâce à l’observation et à l’expérience qu’il apprend.




L’exploitation en bref :
  • Biodynamie, Bourgeon, diversification, Pro Specie Rara, vente directe
  • 11 ha, en location, 2 personnes à 80%, stagiaires


Frank Siffert s’est mis à l’agriculture sur le tard, il a obtenu son CFC à 49 ans. Eternel curieux, passionné de bonne chère et de nature, c’est pour qu’aucune journée ne ressemble à la précédente qu’il a franchi le cap et s’est établi comme agriculteur biodynamique.

Avec sa compagne Annie, ils gèrent le petit domaine de La Sauvageraie où ils produisent, élèvent, transforment, valorisent et vendent une variété de produits impressionnante au vu des 11 hectares dont ils disposent. Cochons laineux, chiens truffiers, poules appenzelloises barbues, rucher et moutons noirs d’Engadine ; blé, seigle, engrain, tournesol et épeautre ; arbres fruitiers, vignes, plantes médicinales, aromatiques et légumes sont autant de facettes de son métier.

Diversification et savoir-faire

Selon ce passionné, ce n’est pas le modèle agricole uniquement qui est caduc mais l’ensemble de la société:

« On a des spécialistes pour tout et on a perdu cet esprit où on savait tous un petit peu tout, aujourd'hui on devient tous des spécialistes. On est tous complètement dépendants du système, ce qui est une catastrophe, on est pieds et poings liés, on devient d'excellents consommateurs mais on a plus aucune conscience de comment fonctionnent les choses, on se fait rouler avec les produits qu'on achète. En réalité on ne peut plus faire confiance à l'industrie. »

Ainsi, ce qui fait la réussite de Frank, c’est justement la diversification. En transformant et en écoulant la totalité de leurs produits eux-mêmes, Frank et Annie sont largement plus autonomes que des agriculteurs conventionnels, leurs intrants sont extrêmement réduits, et tout ce qui est présent sur le domaine trouve une utilité. Ceci leur permet de proposer des produits transformés de qualité, simples mais bons, à 100% bios, traçables et locaux. Ainsi produisent-ils du Calvados, du vinaigre de cidre, des pestos, des pâtes d’engrain, du miel, des chutneys, des tisanes ou de la viande. Et le couple n’a aucun problème à écouler ses denrées, que ce soit à son magasin de Bonvillars, sur le domaine directement, chez quelques détaillants d’Yverdon ou via l’ACP Terre Ferme.


Un verger de 90 arbres fruitiers a haute-tige

Production animale et végétale

Voici concrètement quelques exemples de pratiques agricoles utilisées qui fonctionnent bien à La Sauvageraie. A force d’observation et d’expérience – « C'est en faisant faux qu'on apprend à faire juste » – Frank a réalisé que ses moutons ne mangeaient jamais les plantes vivaces, ainsi ces bêtes sont très utiles pour le désherbage d’une partie de du jardin de plantes aromatiques et médicinales, lui épargnant de longues heures d’entretien.

Et pour les céréales: « Je n'ai jamais passé de herse, je désherbe un tout petit peu à la main, un à deux jours par hectare au printemps pour les chardons et les rumex, c'est tout. Je sème, je récolte, j'ai des rendements qui sont bons. »

Au moins une petite parcelle des coteaux de Bonvillars, n’aura pas subit les effets
néfastes des fongicides.

« La terre se gère, quand je bats j'ai de l'herbe dessous, c'est top, un bon mélange de graminées et de légumineuses, à présent c'est comme une prairie extensive qui s'est mise en place. Je n’ai même pas besoin de mettre d'engrais vert entre deux, je laisse pousser l'herbe, je la broie, je la retourne à 10cm et je ressème. Je fais mes rotations entre les pois, le tournesol et les céréales. Depuis huit ans en culture, je n’ai jamais fait d’année d'herbe, et les rendements s'améliorent encore d'année en année. Je mets les cochons un tout petit moment (3 semaines/ha/8 cochons) entre les cultures, ils nettoient un petit coup et mettent un peu de fumure, c’est le seul apport de fumure que j’aie, mais il n’est même pas forcément nécessaire. »


Eline Müller, Septembre 2015

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