Eric Duc

Chavannes-sur-Moudon (VD)


 « Etre paysan. Se nourrir avant de produire. » 

Principes d’action

Pour Eric Duc, l’agriculteur moderne ne sait presque plus rien faire, il ne fait qu’appliquer un protocole. Lui cherche avant tout à nourrir et à se nourrir, en impactant le moins possible l’environnement afin de garder un domaine sain et équilibré. Ainsi il peut produire une nourriture de qualité, nutritive et facilement assimilable.






L’exploitation en bref :
  • Paysannerie, Bio Bourgeon, autonomie, transformation, diversification, blés anciens
  • 13 ha, domaine familial, une famille de 4 personnes, travaille seul


Paysan plutôt qu’agriculteur

Pour Eric Duc, il ne faut pas confondre paysan et agriculteur. Plus qu’un métier, la paysannerie est une passion et un mode de vie. Etre paysan, selon lui, c’est exercer une multitude d’activités fondamentales qui servent toutes à nous nourrir, comme le faisaient nos ancêtres avant la chimie, avant le productivisme, avant la suprématie de l’agroalimentaire ou les paiements directs. L’agriculteur, lui, n’est qu’un technicien au service de cela, un gratte-papier qui court après des primes. Eric a été très déçu lors de son apprentissage.

« Apprendre à remplir des bilans de fumure, je trouve ça complètement inutile. Ca ne m'a pas du tout intéressé, c’était trop technique. En fait, on nous a surtout appris à acheter, à acheter du nouveau surtout, des nouvelles semences, des engrais... J’ai bien plus appris avec mon père étant enfant, puis avec les copains, et après en passant en bio. »


Pour Eric la paysannerie est une passion et un mode de vie

Production de semences et de plants

Et il n’y a pas qu’à l’école que ça se passe comme ça. Au début il était sélectionneur, on leur disait qu’il fallait racheter des plants chaque année, car les plants fermiers finissaient toujours virosés, et ils étaient censés traiter contre le mildiou. Lui n’a jamais fait ni l’un ni l’autre, voilà 10 ans qu’il a les mêmes plants et ils n’ont jamais été aussi beaux. Il a eu une seule fois du mildiou, deux ronds qu’il a fauché, il a même laissé les rames sur place et en hiver il n’a pas eu une seule patate pourrie. Pour lui les engrais et les produits phytosanitaires sont inutiles. « Il faut sortir des sentiers conventionnels, la vie est bien mieux faite que ce qu'on nous enseigne! Les plantes s'adaptent à tout, même si on va au devant d'années sèches, si on ressème nos propres céréales, locales, les plantes vont gentiment se préparer à tout ça. » Ces céréales seront aussi beaucoup plus assimilables pour l’homme, contrairement à celles du commerce, qui gavent plus qu’elles ne nourrissent.

Céréales anciennes meilleures pour l’homme et l’animal

Ainsi Eric Duc produit-il toutes ses semences, de céréales comme de légumes, et il cultive des variétés de blés anciens. Ce qui a eu un impact très positif sur sa santé {il souffre d’hypertension} depuis qu’il mange de la farine de blés anciens il a quasiment pu arrêter les médicaments. Il a aussi eu une très bonne surprise avec ses poules, son visage s’illumine tandis qu’il raconte « Ca a été une expérience magnifique! Ca fait passé 20 ans que je leur donne uniquement mes céréales. Avant c’était du blé moderne, et elles ne pondaient pas du tout pendant l’hiver, vu que je ne les poussais pas. Quand j'ai commencé avec les céréales anciennes c'était en hiver et elles avaient déjà arrêté de pondre, et bien une semaine après elles se sont remises à pondre ! Maintenant, avec mes blés anciens, j’ai des œufs toute l’année. »


Avec ses céréales anciennes, les poules d'Eric pondent pendant tout l'hiver

Se nourrir

Pour Eric Duc, tout est question de diversité et d’équilibre. Diversité des activités et des espèces. Comme ses ancêtres il est tour à tour maraîcher, berger, boulanger, cultivateur, apiculteur, sélectionneur ou porcher. Mais son but n’est pas non plus la diversification dans le but de vendre. Avant de vivre de la vente de ses produits, la famille Duc tâche déjà de vivre de ses produits. Et si celle-ci vit à presque 50% des paiements directs on ne peut pas dire que beaucoup de ses revenus partent dans les besoins vitaux. C’est cette autonomie du ménage qui impressionne ici. Presque rien ne vient de l’extérieur, même les pâtes. Et les abeilles non plus n’ont pour ainsi dire pas besoin d’aliments sous forme de sirop. Un jardin « un peu en chenit » –rempli de fleurs, de déchets végétaux, des arbustes dans chaque recoin – un magnifique verger et des cultures en bio depuis 15 ans leur suffisent amplement. Et leur miel est délicieux.


Eline Müller, Septembre 2015

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